Le film « Carmen » de Carlos Saura (1983) a incontestablement permis d’extraire le flamenco de son « folklore touristique » pour le hisser au rang d’art scénique et théâtral. Pour célébrer ce « monument » du cinéma espagnol consacré à la danse, le Ciné-club du Bassin a initié la rencontre de Karyne Ayris, danseuse de flamenco, chorégraphe et enseignante bordelaise avec les adhérents présents, vendredi 25 mars à l’Espace Brémontier à Arès.
En 1981, l’association avec l’icône du flamenco Antonio Gadès a inspiré au cinéaste espagnol la fameuse trilogie cinématographique du flamenco « « Noces de sang » (1981), « Carmen », « L’Amour sorcier » (1986). « Tout au long de sa carrière, Carlos Saura aura réalisé bien d’autres films sur la danse, toujours dans un style lyrique, proche du documentaire. Les décors, à l’instar de « Carmen » sont minimalistes, souvent un studio de danse », a rappelé Karyne Ayris, elle-même habituée des scènes madrilènes et hexagonales.
« Le cinéaste a transformé les danseurs en véritables acteurs et a su les rendre si proches de nous. Avec « Carmen », Saura a réussi un tour de force, dit-elle encore : associer les deux plus grands danseurs de flamenco de l’époque, Antonio Gadès et Cristina de Hoyos, en compagnie du guitariste Paco de Lucia, lui-même à l’origine de la fusion du jazz et du musique flamenco ».
Plus d’un siècle après la publication de la nouvelle de Mérimée (1847) et l’opéra de Georges Bizet (1877) Antonio Gadès a magistralement revisité le mythe de la célèbre gitane. D’abord sur scène puis à l’écran. « Il a épuré le flamenco, rappelle Karyne Ayris, tout en fusionnant la musique de « Carmen » avec la guitare moderne de Paco de Lucia ». Toujours produits ou diffusés dans le monde entier, le ballet « Carmen » tout comme le film de Saura se revisitent avec plaisir. Ensorcelant.
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