Isabelle Gibbal-Hardy était l’invitée du Ciné-club du Bassin, vendredi 25 février à l’Espace Brémontier d’Arès, pour une rencontre autour du « Festin de Babette » du danois Gabriel Axel (1987), d’après la nouvelle de Karen Blixen. La directrice du cinéma Grand Action à Paris a salué l’interprétation inoubliable de Stéphane Audran, totalement investie dans le rôle d’une cuisinière. Saluant une artiste « qui a fait don de sa personne, de son œuvre et de son talent » au service du film et du cinéma.
Isabelle Gibbal-Hardy qui rêvait, enfant, d’être à la tête d’une salle de cinéma, a pu reprendre en 2005 l’exploitation du Grand Action (ex-Jean Cocteau), fleuron du réseau de salles parisiennes du même nom. Elle s’est alors fixé une ligne éditoriale « d’Hollywood à Cinecittà » entre films du répertoire et exclusivités, diversifiant ses activités avec 250 évènements par an, « plusieurs parfois en une même journée ». Le Grand Action héberge aussi 15 ciné-clubs, principalement constitués de professionnels du cinéma. Au mois de mars, un Ciné-club des réalisateurs jouera les jeunes premiers, précédant de quelques semaines l’inauguration d’une troisième salle de poche (27 places).
Séances animées en pointe
Au-delà d’une juste reconnaissance de l’œuvre puissante de Gabriel Axel, c’est un hommage au cinéma et à ses acteurs indispensables qu’a rendu l’actuelle vice-présidente de l’Association française des cinémas Art & essai (AFCAE). Dans un vertueux et captivant festin… de dialogue, Isabelle Gibbal-Hardy a souligné la fonction d’une salle de cinéma dans la structuration du corps social. « En cette période post-Covid on assiste à une désertion des séances ’’ sèches’’, [projection uniquement] au profit de séances animées » citant, parmi d’autres exemples, les actions menées par le Ciné-club du Bassin.
Un mouvement de fond que constate l’exploitante parisienne. « La salle de cinéma est en train d’acquérir un statut : c’est un lieu où l’on va tous ensemble, pour voir un film et échanger ensuite. » Isabelle Gibbal-Hardy se veut optimiste quant au devenir des 1250 salles au label Art & essai que compte l’Hexagone, et qui fait de ce maillage « le réseau le plus important au monde ».
La propriétaire du Grand Action a tenu à souligner « l’évolution communautariste de la fréquentation des salles de cinéma » et mis en exergue la place déterminante tenue par un cinéma associatif au soutien des salles Art & essai et des cinémas municipaux. « C’est un travail formidable qu’accomplissent les équipes de bénévoles ». Le cinéma Grand Action montre la voie à la filière des cinémas indépendants, confrontée en permanence au risque de voir l’exploitation des salles s’enfermer dans un mode de diffusion à deux vitesses : films de répertoire pour les salles indépendantes et exclusivités pour les circuits commerciaux. Au « Festin de Babette », sublimé par la foi en l’humanité, a succédé un autre credo pour un cinéma vivant, inspiré et conquérant.
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