Film charnière dans la carrière de Patrice Leconte, "Le Mari de La coiffeuse" ouvre la deuxième saison du Ciné-club du Bassin, vendredi 24 septembre à l'Espace Brémontier à Arès. Maggie Perlado, scripte fidèle du réalisateur, vient témoigner du tournage du film, de sa longue collaboration avec Patrice Leconte, enfin de son métier.
"Je suis bien avec toi, Mathilde. Nous sommes heureux ensemble". Ces mots d'Antoine à propos du couple qu'il forme avec Mathilde dans "Le Mari de la coiffeuse" sont assez éloignés de ce que ressentent leurs interprètes sur le plateau, Jean Rochefort et Anna Galiena. C'est ce que rapporte Phillipe Lombard, dans "300 anecdotes de tournage", paru en 2020 chez Hugo Images (1). L'auteur rapporte les confidences que livrent Patrice Leconte et Hubert Prolongeau (2): "Leurs rapports furent très mauvais, explique le réalisateur. Pour être clair, après une semaine de tournage, ils ne se parlaient pratiquement plus. C'était très dur à gérer, et ça a beaucoup encouragé mes insomnies: je raconte une histoire d'amour comme j'en rêve depuis longtemps et je le fais avec des acteur qui ne s'aiment pas!".
Que s'est-il passé?
Phillipe Lombard y voit une une différence de personnalité et une vision différente du travail: Rochefort est instinctif quand Anna Galiena est très appliquée, explique l'auteur, citant encore Patrice Leconte: "Elle voulait répéter beaucoup les gestes, et comment je prends la tondeuse, et comment j'attrape mon peigne, et tout cela agaçait beaucoup Jean".
Pour Leconte, l'acteur moustachu est "assez misogyne" et "a beaucoup de mal à exprimer ses sentiments. Lorsque Antoine regarde la coiffeuse, il avait peur d'être mièvre et il ne voulait pas que son personnage soit une morceau de gimauve, transcendé par cet amour impossible."
Dans la scène où il caresse la coiffeuse alors que le client a du shampooing dans les yeux. Leconte veut "juste qu'il la trouble, qu'il la chavire. Lui en tant qu'homme de cheval, lui aurait mordu les fesses, mais ne l'aurait jamais caressée comme cela".
A la fin de ce tournage tendu, Anna Galiena avoue à son metteur en scène: " Heureusement que tu étais là, c'est pour toi que j'ai fait ce film. Sans ton regard, je ne sais pas ce que je serais devenue"...
Coiffeuse peut -être!
(1) Auteur d'une trentaine d'ouvrages sur le cinéma.
(2) ""J'arrête le cinéma", Calman-Levy, 2011
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